Dictée : De la génialité

Publié le par Mr Vandermeulen

Nous restons dans la thématique de notre dernière télévision scolaire et nous révisons à présent ensemble notre dictée de la semaine. On écrit distinctement le titre et on n’oublie pas de le souligner proprement avec sa règle (J’ai dit proprement, Bollec, ce qui veut dire que l’on n’oublie pas de ne pas laisser dépasser ses doigts, c’est une ligne droite qui est demandée, et non des montagnes russes comme à votre habitude…). Bien, le titre : Un cheval de course génial confirme en Ulrich le sentiment d’être un homme sans qualités, par Robert Musil.


Qu’Ulrich pût penser avoir obtenu quelques résultats dans le domaine scientifique n’était pas absolument sans importance pour lui. Ses travaux lui avaient même valu une certaine estime. De l’admiration eût été trop demander, car l’admiration, même au royaume de la vérité, est réservée aux aînés dont il dépend que l’on obtienne ou non l’agrégation ou une chaire. A strictement parler, il était resté ce qu’on appelle un espoir ; on nomme espoir, dans la république des esprits, les républicains proprement dits, c’est-à-dire ceux qui s’imaginent qu’il faut consacrer à son travail la totalité de ses forces, au lieu d’en gaspiller une grande part pour assurer son avancement social ; ils oublient que les résultats de l’homme isolé sont peu de chose, alors que l’avancement est le rêve de tous, et négligeant ce devoir social qu’est l’arrivisme, ils oublient que l’on doit commencer par être un arriviste pour pouvoir offrir à d’autres, dans les années du succès, un appui à la faveur duquel ils puissent arriver à leur tour.

Or, un beau jour, Ulrich renonça même à vouloir être un espoir. Alors déjà, l’époque avait commencé où l’on se mettait à parler des génies du football et de la boxe ; toutefois, les proportions demeuraient raisonnables : pour une dizaine, au moins, d’inventeurs, écrivains et ténors de génie, on ne trouvait encore, tout au plus, qu’un seul demi-centre génial, un seul grand tacticien de tennis. L’esprit nouveau n’avait pas encore pris toute son assurance. Mais c’est précisément à cette époque-là qu’Ulrich put lire tout à coup quelque part (et ce fut comme un coup de vent flétrissant un été trop précoce) ces mots : « un cheval de course génial ». Ils se trouvaient dans le compte rendu d’une sensationnelle victoire aux courses, et son auteur n’avait peut-être même pas eu conscience de la grandeur de l’idée que l’esprit du temps lui avait glissée sous la plume. Ulrich comprit dans l’instant quel irrécusable rapport il y avait entre toute sa carrière et ce génie des chevaux de course. Le cheval, en effet, a toujours été l’animal sacré de la cavalerie ; dans sa jeunesse encasernée, Ulrich n’avait guère entendu parler que de femmes et de chevaux, il avait échappé à tout cela pour devenir un grand homme, et voilà qu’au moment même où, après des efforts divers, il eût peut-être pu se sentir proche du but de ses aspirations, le cheval, qui l’y avait précédé, de là-bas le saluait...

Publié dans Dictée !

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L
bourisse, tes devoirs !!!!<br /> tu aurais lu le livre que mamie ta achetée pour ton anniversaire, tu saurais que 'aux courses, les petits tuyaux font les grandes misères'. souviens toi bien, fais pas comme ton père!
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B
hé msieur, elle est trop longue ta dictée! mais j'ai quand même écris le titre, pour mon papa qui aime le pmu
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