Moi, l'incompris...
Un autre mot-clef dont j’ai estimé qu’il manquait également d’élégance fut « Vandermeulen antisémite »…
La collusion est choquante, pour le moins.
Serais-je à ce point incompris ?
Je reçois ces derniers temps beaucoup de courrier me demandant pour la plupart du temps toujours la même chose : Mais pourquoi, M. Vandermeulen, êtes-vous comme ça ?
Je sais, cela peut troubler quelques jeunes esprits, et mon côté fort peu à la mode, mes penchants pour la déploration, mon goût du passé, toutes ces choses ne sont guère glamour, je le conçois. Mais ceci à son explication, mes enfants, si je suis comme cela, c’est parce que j’ai des antécédents.
J’aimerais vous parler de l’un de mes illustres aïeux, le père Lambertus Vandermeulen.
Le 27 août 1917,
Albert Ier, Roi des Belges,
A Lambertus Paul Vandermeulen,
L’Armée Belge a adopté, et nous sanctionnons ce qui suit :1° avoir répandu au front un journal contenant des articles tendancieux, de nature à porter atteinte aux institutions de l’État Belge et à nuire à la bonne entente qui doit exister entre tous les membres de l’Armée.
2° avoir ainsi permis à l’oppresseur de notre pays, qui s’efforce d’y semer la zizanie et les dissentiments entre Belges, de se servir de ces articles foncièrement antipatriotiques pour les insérer dans un journal flamand publié sous l’inspiration de l’autorité allemande dans un camp de prisonniers flamands.
Dans quel désarrois ma famille ne fut-elle pas jetée à l’annonce de cette terrible et injuste nouvelle. Ce motif de punition était d’une sévérité si incompréhensible et si inacceptable pour qui connaissait Lambertus Vandermeulen, un homme qui avait gagné sa Croix de Guerre avec deux palmes, la médaille de Saint-Georges de 1ère classe, la Croix de l’Yser, la médaille du Volontaire Combattant, ainsi que la Croix de Feu...
Après cette sanction disciplinaire, mon oncle Lambertus réintégra ses fonctions de proviseur au Collège Saint-Boniface de Bruxelles, où il forma la future élite du pays, comme le fait comprendre ce cliché de 1929.
Mais le passé rattrapa le grand homme et, fin 1945, pour des raisons que je n’évoquerai pas ici, Lambertus Vandermeulen dû quitter Bruxelles, et partit pour le Congo, où il enseigna dans une petite école reculée du Katanga, jusqu’aux tristes événements de 1958.